La grande lieue gauloise. J. Dassié. Page 4.

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Historique

D'Anville, 1760.

      Les plus anciens documents traitant de la métrique des voies de cette région remontent au XVIIIe siècle. En particulier, d'Anville étudie la genèse de la lieue gauloise à partir de différents pieds. Puis il décrit la localisation des noms antiques des itinéraires, s'attachant à donner les relations métriques (en toises) avec les cités voisines. Il admet une lieue de 1134 toises (2211 m), mais le peu de précision des moyens utilisés ("l'ouverture du compas me donne, sur une carte manuscrite...") ne peut fournir de résultats satisfaisants.

De la Sauvagère, 1770.

      De la Sauvagère (Bib.) fait très exactement l'étude comparative entre l'Itinéraire d'Antonin et la Table de Peutinger sur le trajet de Blaye à Saintes, en essayant de localiser Tamnum, Lamnum et Novioregum. C'est l'initiateur de cette méthode dont d'autres se prévaudront par la suite. Il incrimine déjà les erreurs de copistes et admet la valeur de la lieue gauloise à 1141 toises (2225 m). Il ne mentionne pas de valeurs supérieures. Ses déductions sont malheureusement erronées : il localise Tamnum à Talmont et Novioregum au Terrier de Toulon. Elles ont probablement été établies à partir de la carte de Cassini, ou même de celle de Belleyme, car si la publication de ces documents n'était pas achevée, elle était déjà grandement engagée et les relevés terminés depuis longtemps.

Pistollet de Saint-Ferjeux, 1852.

      C'est le premier à évoquer une unité plus grande que la lieue de 1 mille et demi. Il évaluait la lieue à 2415 mètres, en reportant sur le terrain les mesures des Itinéraires. Rejet de cette valeur par la Commission de Topographie de la Gaule en 1865.

Aurès, de 1864 à 1879.

      Auteur de 14 mémoires sur la lieue de 2436 mètres. Tous rejetés par la Commission de Topographie de la Gaule en 1865.

Lièvre, 1893.

      L'existence de la grande lieue est vraiment démontrée par A-F Lièvre (Bib.) qui décrit le trajet de Tours à Poitiers, par Thilouze, St Epain, Port de Piles, Cénon, la vallée du Clain et Poitiers. La Table de Peutinger indique XLII et Lièvre écrit (p 33) :

      "De Tours à Poitiers, il y a d'après T. de P. 42 lieues qui, à 2436 m, font 102,312 km. Mesuré sur la ligne que nous venons de suivre, la distance est de 102,3 km".

Puis M. Lièvre (p 121) commente les résultats de ses travaux :

      "Dans l'étude que nous venons de faire et ou nous avons eu tant de mesurages à opérer, tant de chiffres à contrôler, nous avons admis, avec M. Aurès et contrairement à l'opinion de la Commission de la Topographie des Gaules, que la lieue gauloise équivaut à 2436 mètres. Aux données de la Table de Peutinger et de l'Itinéraire d'Antonin et des bornes milliaires, nous avons comparé des mesures prises, non sur carte à petite échelle, mais sur celle de l'Etat-major au 80000e ; non en une seule fois et comme à vol d'oiseau, d'une station à l'autre, mais par petites sections, en suivant aussi rigoureusement que possible le tracé du chemin".

      C'est le premier à utiliser un support cartographique d'une grande rigueur technique et d'une très grande précision : la carte dite "d'état-major" au 1/80000e. Reprenant partiellement les travaux de M. Lièvre, à titre de vérification, sur cartes au 1/25000e, nous avons retrouvé très exactement ses conclusions pour le tracé concerné.

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